Le mpanandro et le sikidy à Madagascar

La société malgache a depuis longtemps voué un intérêt particulier aux entités spirituelles tout en croyant à la puissance des étoiles et des astres. En effet, l’astrologie et la divination sont pour les Malagasy des éléments cruciaux qui influencent la vie, notamment le destind’une personne. Les projets de vie en dépendent. A Madagascar, la divination est liée à ce que l’on appelle le « sikidy ». Un devin est appelé « mpisikidy ». L’astrologie, quant à elle, est assuré par le « mpanandro », c’est l’astrologue. Tour d’horizon.

Le Mpanandro Malagasy

Les Malagasy consultent un Mpanandro pour déterminer les jours de « bonne destinée » avant de prendre des décisions importantes dans leur vie. Celui-ci leur indique les jours qui peuvent être néfastes et les jours favorables pour mettre en œuvre un grand projet.

Image prise sur Internet

Le rôle du Mpanandro

Le Mpanandro détermineles dates en fonction de l’âge de la lune en considérant le déroulement du mois lunaire et la succession des 28 destins. Il est en parfaite connaissance du commencement de la nouvelle lune ainsi que de la fin de son dernier quartier. Il sait aussi tout sur les divisions de chacun des 12 mois de l’année en cours, qu’il appelle le « tonon’andro » et les destinsou « tonom-bintana », qui peuvent être forts, favorables, ou bien malheureux.

Son étude se concentre sur le destin au jour de la naissance d’une personne en s’informant un peu sur le déroulement de la vie de celle-ci, afin de déterminer les périodes favorables ou non pour elle.Le destin sous lequel elle est née peut-être un grand destin majeur, que l’astrologue appelle le « renivintana », ou un destin mineur, appelé « zana-bintana ». C’est en fonction de cela qu’il déduit les jours propices pour un événement important dans la vie de cette personne-là.

Le calendrier malgache et les signes astrologiques du zodiaque

Le calendrier malgache comporte 12 mois comportant chacun 28 destins. Chaque mois est une lunaison et chaque destin présente une signification particulière, permettant au Mpanandro de déterminer celui de la personne qu’il consiste, s’il s’agit d’un destin majeur ou mineur, favorable ou non.

Découvrez dans ce tableau les signes astrologiques malgaches avec le nombre de destins d’une personne.

Mois Signes du zodiaque malgaches Signes astrologiques du zodiaque universels Nombre de destins
1 Alahamady Bélier 3
2 Adaoro Taureau 2
3 Adizaoza Gémeaux 2
4 Asorotany Cancer 3
5 Alahasaty Lion 2
6 Asombola Vierge 2
7 Adimizana Balance 3
8 Alakarabo Scorpion 2
9 Alakaosy Sagittaire 2
10 Adijady Capricorne 3
11 Adalo Verseau 2
12 Alohotsy Poisson 2

 

La culture malgache a été influencée par plusieurs civilisations, y compris celles de l’Asie, de l’Afrique, de l’Europe et de l’Arabe. La tradition astrologique héritée des Arabes veut que chaque personne consulte un astrologue pour voir si son destin est favorable ou non.

Par exemple :

  • Une personne née sous le signe d’Alahamady possède 3 destins. Ce signe rime avec de la chance.
  • Une personne née sous le signe d’Alakaosy possède 2 destins. Ce signe du zodiaque est pour les Malagasy considérécomme étant un porte-malheur.

Personne ne peut changer son destin, mais un astrologue peut conseiller tout le monde sur la date à choisir pour un événement important comme un mariage, un commencement d’un projet de construction, un famadihana, etc. afin que tout se passe à merveille.

Le Sikidy

Le sikidy est une sorte de géomancie pratiquée à Madagascar.C’est une technique de divination dérivée de la géomancie arabe liée à des propriétés mathématiques souvent décrites de façon abstraite, réalisée par un devin appelé « mpisikidy ».

Depuis des siècles, le sikidy suit des règles précises :

  1. Le devin prend deux poignées de graines dont il ignore le nombre ;
  2. Il va retirer deux par deux les graines, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une seule ou deux graines dans sa main ;
  3. Il va répéter ce geste 8 fois, du coup, il aura 16 restes d’une ou deux graines ;
  4. Il va alors disposer les restes de graines dans un tableau de 16 cases de 4 lignes par 4 colonnes ;
  5. En lisant ce tableau, le mpisikidy voit se dessiner huit figures en ligne et en colonne. Chacune compte 4 cases d’une ou de deux graines ;
  6. Il va générer deux nouveaux tableaux à partir du premier en croisant leurs colonnes et leurs lignes, toujours en suivant des règles précises ;
  7. Il va obtenir de nouvelles figures dont chacune présente une valeur symbolique.

Selon les mathématiciens, le nombre de tableaux de sikidy possibles est de 216 = 65 536. Il y a 216 manières différentes avec lesquelles les 16 cases peuvent s’arranger. S’il est rapide pour un ordinateur de les générer, le devin, lui, ignore ce nombre. Il est impossible pour lui d’explorer toutes les solutions possibles, il ne peut qu’en explorer une petite partie. Il doit noter la configuration des tableaux dans un bloc-notes afin de prédire une solution à partir d’un tableau. En revanche, un mathématicien ne parvient pas à trouver une solution sans l’application des propriétés de la « théorie des groupes ».